ANNE FONTAINE
Kabane
Aswar
Mi débouz
Pat a tèr
Mi sava
Ti lanp ti lanp mi avans
In boufad i rédi mon zyé
Krakman i touf dann fénwar
Fanal i fonn dan la nuit
Ti dousman mi avans
Lo sièl dési mon tèt
Mi vèy fanaz zétwal
Plis ankor ter ba dann kré piton
Mi tras
Galé i farlang mon pié
Si tan tèlman mon gozié i trang
Mi travers
Tak la bek
Silans lé kalou
Lo tan i pas
Mi sava
Ti zig tisor dési mwin mi rod pou angaroté
Mi arèt net
Viraz a drwat
Par ki koté ?
In brui, kap kap i mont
Artonb koté pilori?
La line I mont ek son rob nwar
Li tinn tout
In ponyé zétwal i fé tourn mon tèt
Ziska lwin minm
La mor ?
Mi tras touzour
Mon zorèy arkokiyé
Mwin lé sèk
Dann sékré la nuit
Mi avans
Pardsou in kap
Koté foutak
Mi aspèr mi respir
Dann kabane fagoté pou anpar la fré
Mi tonb somèy
Anne Fontaine
Anio alina
Mandeha
Mirapaka amin’ny tany n’y tongotra
Dia mandeha
Mamindra no mandroso
Marary ny takolaka sy ny orona
Azony rivotra mangatsiaka
Eny lavitra ery
Misy hazavana
Mandroso mora aho
Jereko ny lanitra
Atsimo
Andeha ho any atsimo indrindra
Mandeha
Maranitra ny vato
Marary ny tongotra
Nefa mandroso
Mangiiiina!
Tena mangina
Tsy misy atao afa tsy mandroso
Ny fotoana no manao ny sisa
Alamiko ny lamba nitafiko
Mijanona ankavanana aho
Manaraka ny lalana ankavanana
Eny, izay
Misy hotroka
Tsy eny fa ankavia
Ankavia
Ny volana lany efa tsy manome hazavana
Ny kintana, tsy voatanisa
Miverina vovoka
Mandeha
Efa tsy maheno intsony aho
Vizana
Nefa mandroso
Mavesatra ny tanako
Mihidy ny masoko
Ny alina no heriko
Mandrosoa
Eo ampovoany bongo
Mitaraiky kely aho
Dia tafatory
Eo ambanin’ny aloka manandanja
Malgache / Traduction et lecture :
Saady Armia
Cette nuit
Je marche
Mes pieds au contact du sol
Je marche
Un pied devant l’autre j’avance
Un vent glacé me pique les joues et le nez
Une brindille craque
Une lueur au loin
J’avance doucement
Je regarde le ciel
Le Sud
Aller plus au Sud encore
Je marche
Les cailloux sont tranchants
J’ai mal au pied
J’avance
Chut
Le silence est rassurant
Le temps fera le reste
J’avance
J’ajuste le tissu qui me protège
Je m’arrête
À droite, je prends le chemin à droite
Oui c’est ça...
Un bruit... Non à gauche, à gauche
La lune montante décroit
Elle n’éclaire plus
Les étoiles, l’infini
Retourner poussières ?
Je marche
Et déjà je n’entends plus
Je suis épuisée. J’avance
Mes bras sont lourds
Mes paupières se ferment
La nuit est mon secret
Avancer
Là au creux d’un rocher
Je m’attarde
Un instant
Sous un abri de fortune
Et je m’endors
Anne Fontaine
Cabane construite sur une partie de la zone humide au pied du Piton Dugain. Hommage aux marron.ne.s qui ont traversés ces espaces tentant d'échapper aux chasseurs de marrons Jean Dugain.
La Plaine des Cafres a été traversée par des hommes et des femmes fuyant la condition d'esclave. Ces "marron.ne.s" ont été pourchassé.e.s par, entre autre, le chasseur Jean Dugain. C'est en hommage à ces personnes qui cherchaient la liberté, la dignité que cette abri fragile et éphémère a été conçu avec les matériaux de l'endroit, sans autre apport que le végétal présent sur le site. À l'occasion de la nuit des forêts, un poème a été lu en créole (voir plus haut) et sa version en malgache a été diffusée avec un haut-parleur. La version en Malgache a été traduite du français par Saady Armia et lu par elle.